Es-tu condamné(e) à ne plus supporter d’être gros(se) pour enfin agir ?
Toi aussi tu as remarqué cette fracture. Ce moment de bascule entre ces semaines, mois, années où tu es dans le déni de ce poids qui ne fait qu’augmenter, et ce moment ou tu réalises la situation… La plupart du temps, il y a un déclencheur que tu arrives à identifier : une phrase désobligeante d’un collègue, l’arrivée du mariage de ta meilleure amie, des retrouvailles avec quelqu’un que tu n’as pas vu depuis longtemps… Et puis parfois, tu n’identifie pas ce qui à déclenché ce changement dans ta vision. Tu te lèves un matin, tu te regardes dans le miroir et rien ne va plus. Tu ne supportes plus ce corps dans lequel tu évolues. Il faut que ça change… et vite 🐇!
Te reconnais-tu dans cette oscillation entre période de déni et période de prise de conscience ? Ou devrais-je plutôt dire période passive et période pro-active ? Alors tu es au bon endroit !
🎯 Dans cet article, je te partage comment éviter d’attendre le point de non-retour (le moment où tu ne te supporte plus) pour enfin agir sur ton poids.
😔 Double peine
Pourquoi une double peine ? Car non, qu’on se le dise, tu ne vis pas ta meilleure vie dans ce corps que tu vois grossir et que tu laisses à l’abandon malgré toi. Même si tu essayes de t’en persuader, tu sais comme moi que ce n’est pas vrai. Alors oui, on peut dire que tu t’en contente car tu gardes tes oeillères. Mais n’est-ce pas la déjà une souffrance sourde ? Invisible ? Impalpable mais pourtant bien présente ?
Si… mais pourtant, et je ne vais pas te jeter la pierre, tu te dis que c’est trop dur. C’est trop dur de prendre la responsabilité de tout ça. C’est trop dur de changer. C’est trop dur de se prendre en main. En tout cas, c’est l’histoire qu’on se raconte.
La double peine réside dans le fait que lorsque tu réalises enfin la situation, il est souvent trop tard. Tu as atteint un seuil que tu t’étais promis de ne jamais dépasser (un poids spécifique que tu t’étais décidé de ne jamais atteindre, une chaise qui se casse, une remarque anodine d’un inconnu qui te hante)… Et là, tu ne supporte plus ce corps dans lequel tu évolues jour après jour. Tu as atteint ce point de non-retour… C’est une double peine car tu te rend compte à quel point tu t’es laissé(e) aller et tu t’en veux. Tu te déteste pour avoir été si aveugle et relâché(e). Bref, tu es triste et en colère contre toi-même.
🪜 L’échelle de souffrance
Je parle souvent de ce principe fondamental et pourtant trop souvent laissé de côté lorsqu’on parle de changement.
Tu l’as peut-être déjà entendu, mais il est 2x plus douloureux de perdre quelque chose qu’on a que de ne pas obtenir quelque chose qu’on désire. C’est ce qu’on appelle le biais d’aversion à la perte. Tu as probablement le désir profond de perdre du poids pour te sentir mieux dans ton corps mais pour cela, tu sais que tu vas devoir perdre quelque chose… Ou en tout cas, c’est l’histoire que tu te racontes.
🧠 Notre cerveau a cette tendance naturelle à fuir la perte et la souffrance (qui peut-être exacerbée selon certains critères éducatifs, sociaux, culturels…).
Le problème, c’est que ce câblage met parfois sous silence certaines choses qui devraient pourtant nous faire réagir. On se concentre sur tout, sauf ce qui est sous notre nez. C’est le déni.
C’est comme ça qu’on accumule du poids et souvent aussi des excuses et justifications sur cette situation qu’on entretien : je n’ai pas le temps, ce n’est pas le moment, j’ai bien mérité un petit plaisir, je m’y remettrai lundi…
Petit biais supplémentaire, le cerveau à du mal à voir le changement quand celui-ci est trop subtil et progressif. As-tu remarqué à quel point tes cheveux ont poussés depuis hier ? Non ? Pourtant c’est bien le cas… Et c’est l’effet cumulé qui un jour te fera te dire : « hum, il est temps que j’aille chez le coiffeur ».
Cette situation peut durer des années jusqu’à cette fameuse bascule.
Ce moment où le déni disparait pour laisser ce goût amer. Ce dégoût profond de soi. Cette colère insoutenable envers soi-même de s’être laissé allé jusque là… Tu vois de quoi je parle pas vrai ?
Et là, même si ça fait très mal, quelque chose de presque inattendu et magique se passe : l’échelle de souffrance s’inverse.
Avant ce déclencheur (qu’il soit identifié consciemment ou non), l’idée d’arrêter les plaisirs et l’insouciance avec la nourriture était bien plus douloureuse que celle de prendre du poids. Aujourd’hui, c’est « grâce » ou « à cause » de cette prise de conscience que l’échelle s’inverse. L’idée de rester dans ce corps est devenu bien plus insupportable que le fait de faire attention à ce que tu manges.
💶 Le prix de la motivation
Maintenant que le déni s’est estompé, tu ne vois, n’entend et ne ressens plus que ce corps disgracieux, ce poids en trop qui te dérange. Tu as envie d’agir et vite pour y remédier !
C’est cette souffrance exacerbée qui te met en mouvement. Qui te fait accepter la pilule 💊 de te restreindre et de changer tes habitudes pour espérer perdre cette graisse accumulée.
Comme je te le dis souvent, c’est là qu’il est déjà trop tard… 😔
Oui, cette inversion permet d’enfin te mettre en mouvement, mais à quel prix ? Tu agis pour ne plus avoir à vivre dans ce corps que tu détestes et te mets à agir de nouveau comme au départ… c’est à dire dans le déni.
Au lieu de réagir à la situation de façon pragmatique, tu te rues sur les premières solutions que tu trouves ou que tu penses être efficaces. C’est là que commence l’épuisement physique et mental.
Je te fais référence à ce mécanisme dans cet article que je t’invite grandement à lire –> Faut-il être motivé(e) pour perdre du poids ?
😰 Aversion à la perte
Tu sais tout à l’heure je te parlais de ce biais cognitif. L’émotion ressentie ou pré-sentie est 2x plus intense à l’idée de perdre quelque chose qu’à l’idée de le gagner.
Autrement dit, il est plus facile de se mettre en mouvement pour ne pas perdre quelque chose qu’on a, plutôt que pour obtenir quelque chose qu’on désire.
C’est notamment une des raisons qui explique pourquoi on a du mal à se motiver à manger mieux ou a faire plus de sport. On aimerai maigrir, mais ce désir pèse moins lourd sur la balance que l’idée de perdre nos « mauvaises » habitudes, certes néfastes mais pourtant si confortables et rassurantes.
Partons donc de ce principe de base et qui fait partie de notre psychologie pour l’utiliser à notre avantage. Comment pourrais-tu utiliser ce principe pour te motiver sur le chemin de la perte de poids ?
🎲 Joue avec le temps
Je te propose un petit exercice qui va t’aider.
📝 Arrête-toi 5 minutes et prends un papier et un stylo. Pense à la situation et écris sur ta feuille les réponses qui te viennent lorsque tu te demande :
Comment la situation s’est-elle empirée ces derniers temps et comment va-t-elle continuer à prendre de l’ampleur si je ne fais rien pour la changer ? À quel point cela va impacter ma vie, l’image que j’ai de moi ? L’image que je renvoie aux autres ? L’image que je pense que les autres ont de moi ? Ma personnalité ? Mes comportements ? Mes capacités et facultés physiques/psychiques ? Mon estime ? Mes relations ? Mon entourage ? Quels sont les dommages collatéraux de ce déni 1 an en avant, 3 ans, 5 ans, 10 ans ?
Et détermine avec précision ce que cette passivité te fera perdre dans un futur proche, lointain…
Tu peux aussi exacerber ce que cette passivité te fais perdre dans le présent :
Qu’en aurait-il été si tout avait été différent ? Si je m’étais repris(e) en main plus tôt ou il y a 6 mois, 1 an, 3 ans ? Comment agirai-je différemment avec moi-même ? Avec les autres ? Où serais-je aujourd’hui ? Qu’est-ce qui serait différent ?
Et détermine avec précision ce que cette passivité te fait perdre aujourd’hui…
Comme tu peux aussi faire un état des lieux et regarder vers le passé :
Comment mon vécu aurait-il été différent si j’avais fait de meilleurs choix pour ma santé mentale et physique plus tôt ? Comment ma perception sur mes expériences vécues aurait-elle été différente ? Comment cela aurait pu me permettre autre chose ? Comment je me serais construite différemment ?
Et détermine précisément ce que cette passivité t’as fais perdre dans un passé révolu que tu ne peux plus changer…
Tu sens l’aigreur monter ? Tu sens ce sentiment d’injustice et de colère faire surface ? Tant mieux car ça veux dire que ça bouge…
Alors oui ça peut faire mal. Oui ça peut piquer très fort. Mais si ce déclic ne vient pas de l’extérieur ou d’un évènement fortuit, il faut que tu sois capable de le créer pour toi même. Que tu prennes cette responsabilité pour agir et ne pas attendre qu’il soit « trop tard » en laissant cette culpabilité malsaine et contre-productive s’installer.
Arrête cette souffrance inconsciente qui s’accentue jour après jour par ce déni. Je sais que tu ne le choisis pas consciemment, et que tu es quelque part victime de tes propres fonctionnements, mais il ne tient qu’à toi d’inverser cette situation maintenant que tu en as pris conscience.
Et en même temps, prend du recul sur tout ça. Tous ces cheminements de pensées, parfois ces erreurs, ces vécus et ces expériences t’en ont appris 1000 fois plus sur la vie que n’importe qui. Tu as probablement eu besoin de passer par toutes ses épreuves pour apprendre ce que tu sais aujourd’hui et ce que tu sauras demain. Et rappelle-toi que ton corps a toujours été là pour te soutenir sur ce chemin (même s’il en a souvent bavé) !
L’important, c’est surtout d’intégrer que jusqu’ici tu as fait de ton mieux avec les connaissances et moyens que tu avais à ta disposition. Comme une marionnette à l’impression d’initier ses mouvements, tu avais l’impression d’être coupable des oscillations dans ton comportement. Tant qu’on ne comprend pas les causes, on ne peut pas agir dessus. Donc au placard la culpabilité et à toi maintenant d’aller chercher plus loin.
➡️ Conclusion
Pour répondre à cette question de départ : Es-tu condamné(e) à ne plus supporter d’être gros(se) pour enfin agir ? Tu l’auras comprise, ma réponse est oui.
Là où se trouve un point de bascule important, c’est dans la façon d’en prendre conscience. Dans un cas, c’est dû à un élément extérieur, et dans l’autre, c’est une volonté propre qui relève du libre-arbitre. Encore faut-il avoir conscience des mécaniques inconscientes qui se jouent à notre insu mais si tu es arrivé(e) jusqu’ici, c’est que tu ne peux plus ignorer ce que tu sais à présent.
Ensuite, à toi de faire le choix conscient de tes priorités. Choisir de bouger ou de rester à cet endroit. Il n’y a ni de bonne ni de mauvaises décision a partir du moment où il y en a une !
Et si tu choisis de te mettre en action mais que tu ne sais pas par où commencer, je te propose qu’on fasse un bilan personnalisé ensemble afin que tu puisses y voir un peu plus clair et avoir une feuille de route sur laquelle t’appuyer.